Rachid Mekhloufi : un monument du football algérien nous quitte

Rachid Mekhloufi : un monument du football algérien nous quitte
L'ancien joueur de la glorieuse équipe du Front de Libération nationale (FLN), Rachid Mekhloufi, est décédé ce vendredi à l'âge 88 ans des suites d'une longue maladie. Suite à cette triste nouvelle, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a présenté ses sincères condoléances et exprimé sa profonde compassion suite au décès de l’ancien joueur de l’équipe du Front de libération nationale (FLN), Rachid Mekhloufi. » Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a appris avec une profonde affliction, le décès de la légende du football algérien, le moudjahid, Rachid Mekhloufi, joueur de l’équipe du Front de libération nationale, ancien entraineur de l’équipe nationale et ancien président de la Fédération algérienne de football », lit-on dans le message de condoléances. Le Président de la LNFA, M. Ahmed Kharchi, s’est déclaré concerné par la disparition de ce « grand monument du football National qui a marqué de son empreinte toutes les générations de ce sport national et mondial». Pour le Président de la LNFA "ce sportif reste un symbole du sacrifice pour le pays". M.Kharchi présente au nom de la Ligue ses condoléances les plus attristées à sa famille et ses proches.Il compatit à leur douleur à leur chagrin.  

Portrait de Rachid Mekhloufi : un monument du football algérien

Rachid Mekhloufi, ce nom que les anciennes générations associent mécaniquement  au football, a occupé les devants de la scène de ce sport durant une  quarantaine d’années  comme joueur, entraîneur et dirigeant. Sa carrière a commencé  à la fin des années quarante dans les rangs de l’Union sportive franco-musulmane de Sétif (USFMS), actuelle USM Sétif qui évolue en division inter régions (3ème pallier du système des compétitions nationales) Il n’avait que 13 ans - il est né le 16 août 1936 à Sétif, lorsqu’il a quitté les terrains sommaires des quartiers et les balles en caoutchouc pour courir sur un vrai terrain derrière un vrai ballon. A 16 ans,  il gagna sa place au sein de l’équipe senior  par son travail  et son sérieux. Il effectuait  dans les entraînements sous le regard  vigilant de  Layas que le petit prodige Sétifien  considérait comme un second père. Durant l’exercice  53/54, Rachid a accompli une saison  époustouflante tantôt en juniors, tantôt en seniors. Il était déjà la vedette de la ville de Aïn El Fouara.Il n'avait pas  encore  bouclé ses 18 ans quand il  décida de traverser la Méditerranée pour tenter sa chance en “métropole”. Il débarqua un jour d’été dans la ville de Saint-Etienne,  cette cité des mineurs et  des usines. L’émigré Sétifien a eu de la chance  de tomber à son arrivée sur un entraîneur exceptionnel qui s’appelait Jean Snella.  Grâce à cet homme  qu'il a, faut-il le rappeler, effectué un passage en Algérie dans les années soixante-dix comme entraineur du NA Hussein Dey,  a réussi à s’intégrer plus rapidement. Le 9 octobre  de l’année 54, le journal  l’Equipe annonçait dans ses colonnes : « Saint- Etienne alignera un junior, Rachid.» La grande année de Mekhloufi fut incontestablement  1956. Au cours des derniers mois, Rachid jouera non seulement au sein de son club, mais également en équipe de France espoirs, en équipe de France B et en équipe de France A. A vingt ans, il était considéré parmi les 2 ou 3 meilleurs attaquants opérant en France. « En trois ans, écrivait à l’époque le journal l'Equipe, Rachid a gravé les échelons à la vitesse d’un avion supersonique ; connaissez-vous révélation plus foudroyante ? Nous  pas.» Sur le plan technique, voilà ce que disait de lui Jean Snella : «Tout notre système de jeu est monté pour et autour de  Rachid. Mekhloufi est donc un faux inter sans être un véritable avant de pointe. Il n’a pas, en tout cas, son pareil pour guetter  l’adversaire et filer au but adverse. ». Son premier match sous le maillot des Bleus de l’équipe A   était le  contre l’URSS le 21 octobre 1956. L’URSS du  grand gardien de but  Lev Yachine. Le  hasard de l’histoire a fait que  les deux hommes  se rencontrent  de nouveau  et  s’affrontent  le 11 novembre 1964 à Alger mais fois-ci,  Mekhloufi portait le maillot Vert de l’équipe nationale de l’Algérie indépendante. Entre les deux dates, se sont  produits des événements exceptionnels.  Le plus important est l’indépendance de l’Algérie à laquelle le footballeur Mekhloufi a contribué à sa manière en rejoignant  en 1958 l’équipe du  FLN. Cette dernière, qui  a sillonné de nombreux pays à travers le monde,  était porteuse du  message du peuple algérien en lutte contre l’occupation française. Laissant  confort et biens, Rachid, à l’instar de beaucoup de footballeurs professionnels  algériens, a répondu  à l’appel de Front de Libération Nationale, (FLN), le mouvement de libération nationale, pour constituer une équipe de football. Le départ  de ces joueurs, le 13  avril 1958, dans le plus grand secret a fait l’effet d’une bombe dans l’Hexagone. Pour Mekhloufi, c’était encore spécial. Il figurait, avec Mustapha Zitouni, parmi les 40 joueurs que l’entraîneur de l’époque avait retenus pour disputer le Mondial de 1958 en Suède. Après  l’indépendance,  Mekhloufi retournera à son club d’origine, Saint-Etienne,  après un passage au Servette de Genève, pour poursuivre sa carrière de joueur. Parallèlement, il venait de temps en temps jouer  avec l’Equipe nationale. Il ne pouvait  pas venir constamment  pour la simple raison qu’avec son statut de joueur professionnel, il    n’avait pas le droit de jouer dans les compétitions officielles africaines réservées à l’époque uniquement aux amateurs.  Ceci  explique le nombre réduit de sélections  (une dizaine)  par rapport aux matches joués par l’équipe nationale qui a livré 55 rencontres au 29 décembre 1968, date de sa dernière apparition sous le maillot vert. C’était contre la Tunisie pour le compte des éliminatoires de la Coupe du monde de 1970. Son premier match international avec l’Algérie a eu lieu contre la Tchécoslovaquie le 26 février 1964 à Alger. Avec la  sélection  de son pays, il a eu la chance de  rencontrer  deux grandes nations du football mondial,   l’Allemagne (RFA) le 1er janvier 1964 à Alger et le Brésil le 18 juin 1965 à Oran ; le Brésil avec ses grandes vedettes Pelé et Grincha. Avant de retourner définitivement en Algérie en 1971, Mekhloufi  terminera sa carrière en Corse, à Bastia comme entraîneur-joueur. Le 24 novembre 1971, s’ouvre une nouvelle page à Mekhloufi, il est nommé entraîneur de l’équipe nationale algérienne. Sa première expérience d’entraîneur s’acheva une année après. Il décida de démissionner pour «immixtion caractérisée  dans  ses prérogatives». Il a fallu attendre 1975, après deux éliminations successives de la sélection  nationale de la Coupe d’Afrique des nations et des Jeux olympiques, pour voir le retour de Mekhloufi avec les pleins pouvoirs. Il s’appuiera sur une ossature constituée de joueurs issus du service militaire pour mener sa campagne des Jeux Méditerranéens de 1975 que l’Algérie organisait. Il a remporté la médaille d’or. C’était sa plus belle revanche contre ceux qui ne croyaient pas en lui. Il est resté à la tête de l’EN  jusqu’à 1979, avant d’y retourner une nouvelle fois en début de 1982 comme Directeur Technique à l’occasion de la Coupe du Monde de 1982. L’expérience a tourné court, puisque après la phase finale de cette compétition en juillet,  il a tout lâché. L’état d’esprit dans lequel évoluait la sélection nationale n’était plus ce qu’il a toujours  souhaité. Ce n'est qu'en 1988 qu’il a réapparu   comme président de la Fédération Algérienne de Football (FAF). Il a été désigné par le Ministère de la Jeunesse et des Sports. Mais le vent  de la révolte et de réforme qui ont secoué à l’époque l’Algérie imposa une démocratisation des structures sportives. Il a quitté de nouveau la  scène  pour revenir en avril 2000 comme candidat à la même structure. Malheureusement, les voies urnes ont désigné un autre prétendant. Mekhloufi a compris  ce jour-là que c’est la fin d’une époque. Depuis ce jour là, Mekhloufi  coulait des moments paisibles et  tranquille entre l’Algérie  et la Tunisie, le pays de son épouse. En retrait  de la sphère officielle footballistique, mais il suivait de très prés  l’actualité du football, comme tout passionné de ce sport. Il  lui arrivait de donner de temps à autre  sur les médias son opinion sur le football national,  Il  avait gardé toujours  un lien avec le football à travers  la fondation de l’équipe du FLN  qu’il animait avec les anciens joueurs de l’équipe. Mais le poids de l'âge l'a vaincu Quelques passages de l’article  ont été tirés du Livre de Hocine SEDDIKI, « Rachid MEKHOULFI, l’imagination au bout des pieds. »